T’attendre

L’heure est au silence
qui prend forme
dans les minutes d’angoisse
de ton attente.

Depuis des jours je patiente,
pour ces quelques moments
où souvenirs et espoirs
se rencontrent.

Il m’arrive de passer
de l’autre côté des miroirs
et de regarder ton âme
sous tous les angles.

Tu ne peux pas te cacher
dans un écran de fumée
de ta cigarette.

Je te vois nue, simple
et sans maquillage,
comme si j’étais tes yeux.

Parfums

Ils inspirent les hommes,
autant qu’ils les aspirent
à de grands destins.

J’ai parfois croisé une jolie femme,
et je me souviens plus de son parfum,
que de ses traits.

Ils attirent les hommes,
dans des pièges de velours,
qui ravagent d’amour.

Ils subliment les femmes,
autant qu’ils les destinent
à prendre leur vie en main.

Symbole éternel de jeunesse,
le parfum rayonne sans cesse,
au cou des faibles ou des puissants,
pour nous séduire, éternellement.

Emergence

Tu en as mis du temps,
pour émerger de ton néant.

Dans le bouillonnement
des premiers instants,
s’échappaient, très progressivement,
tous les possibles présents.

C’est ainsi que tu vis
ta singulière histoire,
issue de tous les infinis.

Le monde où tu vis
est la somme des hasards
de toutes les autres vies.

Tu en as pris du temps,
pour savoir ce que l’on fait ici.

Tu as fini à temps,
pour trouver le sens de la vie :
son émergence.

La fine équipe

Le poète ne travaille pas,
tout juste est-il bon pour l’équipe de nuit,
celle chargée du balayage du vestiaire des étoiles.

Il est trop occupé à rêver,
et son oisiveté,
est un remède au travail en équipe.

C’est que le poète n’est pas équipé
pour faire semblant comme les autres.

Il déteste d’ailleurs les lecteurs de l’Equipe,
très concentrés à vénérer les fantômes
de leurs rêves abandonnés.

Non le poète joue seulement en solitaire
car il n’est jamais solidaire
de l’arrogance des vainqueurs
mais de l’ignorance des rêveurs.

Ici, là-bas

Pour sa prosodie,
osée par tous les temps,
pour sa mélodie,
chantée par les enfants,
ici, on a brûlé un poème !

Pour sa facétie
criée par les perdants,
pour sa modestie,
humiliée par les gagnants,
ici, on a tué un poète !

Pour son énergie
puisée au firmament,
pour son infinie
bonté de tous les gens,
ici, on a interdit la poésie !

Pour son insoumise révolte
de siècles d’esclavage et de mutisme,
ici, on a violé une poétesse !