Covid-19

On me parle beaucoup de toi, en ce moment.
Pourtant toi, tu ne me parles pas beaucoup.

J’ai appris ton existence à la télévision,
cependant toi, tu ne seras jamais une star.

On m’a dit que tu avais fait beaucoup de morts.
Pourtant les hommes en ont fait encore plus que toi.

On nous a demandé de rester confiné chez soi,
pourtant toi, tu t’en fous de prendre le pouvoir.

Moi je préférerais faire la paix avec toi,
mais je ne te vois pas arrêter de nous embêter.

Une bête, comme un âne

J’ai toujours eu envie d’être un âne,
mais on m’a dit qu’il fallait être un cheval,
et pas n’importe lequel de ces chevaux !

Pourtant je suis sûr que c’est cool d’être un âne,
sauf quand on se fait moquer par un cheval,
et repousser par tous les autres ânes de chevaux.

C’est vrai que je suis têtu comme un âne :
je me mets en travers de ceux qui sont fiers comme un cheval,
et avec les femmes, ça m’a apporté
pas mal de rivaux.

Au final, j’ai abandonné l’idée d’être un âne :
bah oui, avec tous ces fers à cheval,
j’ai fini par m’en prendre un bien costauds.

La morale de mon poème, c’est qu’il est bien
difficile d’être soi-même, dans un monde
qui écrase et anéantit tout ce qu’il y a de beau.

Derrière moi

Derrière nous
se creuse
le tunnel
sombre
de nos photos,
nos vidéos,
qui s’entassent
et s’écroulent,
derrière nous.

Toujours devant nous,
la lumière,
nous attire,
tous,
inexorablement,
et certains, plus que d’autres,
avanceronnt toujours devant vous.

Restez où vous êtes :
je vais vous prendre en photo.

Et ne bougez pas :
d’où vous êtes
je risquerais de jeter
vos photos,
derrière moi.

Ego

C’est à moi de l’ouvrir
puisque d’autres la ferme :
j’en ai marre de souffrir,
seul dans mon coin, à la traîne.

On me dit qu’au contraire,
il faut arrêter de se plaindre,
et prendre sa vie en main.

Mais moi je ne veux pas ressembler
à ceux qui ont réussi
et qui sont jalousés
par ceux qui ont échoué.

Je veux l’ouvrir pour te dire
d’arrêter de te la jouer,
d’appliquer les règles,
sans jamais y déroger,
même pas pour toi,
même pas pour tes enfants,
même pas pour tes amis.

C’est ça l’éthique pauvre con
et sans ça tu mourras riche,
peut-être même connu,
mais détesté de tous ceux
qui savent qui tu es,
et adulé par tous ceux
qui se sont laissés berner,
par ton ego.

T’attendre

L’heure est au silence
qui prend forme
dans les minutes d’angoisse
de ton attente.

Depuis des jours je patiente,
pour ces quelques moments
où souvenirs et espoirs
se rencontrent.

Il m’arrive de passer
de l’autre côté des miroirs
et de regarder ton âme
sous tous les angles.

Tu ne peux pas te cacher
dans un écran de fumée
de ta cigarette.

Je te vois nue, simple
et sans maquillage,
comme si j’étais tes yeux.

Parfums

Ils inspirent les hommes,
autant qu’ils les aspirent
à de grands destins.

J’ai parfois croisé une jolie femme,
et je me souviens plus de son parfum,
que de ses traits.

Ils attirent les hommes,
dans des pièges de velours,
qui ravagent d’amour.

Ils subliment les femmes,
autant qu’ils les destinent
à prendre leur vie en main.

Symbole éternel de jeunesse,
le parfum rayonne sans cesse,
au cou des faibles ou des puissants,
pour nous séduire, éternellement.

Ici, là-bas

Pour sa prosodie,
osée par tous les temps,
pour sa mélodie,
chantée par les enfants,
ici, on a brûlé un poème !

Pour sa facétie
criée par les perdants,
pour sa modestie,
humiliée par les gagnants,
ici, on a tué un poète !

Pour son énergie
puisée au firmament,
pour son infinie
bonté de tous les gens,
ici, on a interdit la poésie !

Pour son insoumise révolte
de siècles d’esclavage et de mutisme,
ici, on a violé une poétesse !