L’école

Au commencement
il y a l’école des cris,
puis avec un peu de chance,
il y a l’école des fans.

A moins que l’école buissonnière
ne vous apprenne une autre vie,
vous avez quelque chance
d’être à la bonne école
de la république.

Si on s’en sort pas trop mal,
il y a l’école des femmes,
puis avec beaucoup d’incertitude
il y a l’école de la vie.

Enfin au crépuscule,
on apprend plus à un vieux singe à savoir,
et il n’y a plus d’école
pour quitter la vie.

Papa

Encore un papa,
pas n’importe lequel,
celui qui se lève
depuis dix mois,
les yeux embués,
et l’esprit endormi
pour étancher la faim
d’un petit être humain.

Et soudain après un câlin,
un « Pa-Pa »,
après la couche,
après les gestes
de réconfort,
une fois allongé
dans le lit à barreaux.

Un instant bref,
une émotion intense,
une fois la confirmation
arrivée au cerveau,
assoupi.

Ecologie ?

L’écologie n’existe pas ?

Parce que nous exploitons
toujours quelque chose
de la nature,
à notre profit.

Quand ce n’est plus
pour nos besoins primaires,
c’est pour notre confort,
et parfois même,
notre réconfort.

Souvent,
personne n’est prêt
à renoncer à son confort,
aussi petit, aussi grand,
aussi juste, aussi minable
qu’il soit.

Parce qu’on vieillit,
parce qu’on a pas envie
de finir dans une Ehpad.

Alors on continue
de plus belle,
conscient qu’on ment
à nos enfants,
on rêve d’une nature
rééquilibrée,
où l’homme aurait
sa place,
dans un musée
de l’humanité.

Papas

Poussière d’enclume
tu pèses pas bézef,
les cendres de ton réel
s’envolent de ton urne.

Ton souvenir vivace
aveugle mon amour éteint,
les objets disparaissent
de ma vie, après ta mort.

Mon père tu as été,
mon père tu n’es plus.
Si tôt énoncé,
sitôt entendu.

Me voici seul parmi vous,
perdu sans mon père,
sauvé par ma mère,
qui elle aussi ne sera plus.

Elle rejoindra les papas,
d’un violent faux pas,
se prendre un coup d’enclume,
pour y laisser toutes ses plumes.

Papas

Expression ouverte

Du jour au lendemain,
ouvrir les fenêtres
une fois par jour,
pour ne pas manquer d’air
en jetant l’argent par les fenêtres.

Ouvrir une fenêtre sur cour,
pour voir le jour
et être dans l’air,
même si l’air ne fait pas la chanson.

Entrer par la fenêtre
comme un monte-en-l’air,
pour mettre au jour
les mensonges,
dont on connaît la chanson.

Expression ouverte

Être et avoir (pour Antonin)

Avoir plein les poches
de sourires
pour se proches,
sans que ça cloche.

Être du bois
dont on fait les flûtes,
plutôt que d’être
un chèque en bois.

Avoir plus d’un tour
dans son sac,
et par un tour de passe-passe,
détourner son regard :
l’affaire est dans le sac.

Être dans les cordes,
pour avoir bonne presse,
ou être fou à lier,
pour avoir le vent en poupe ?

Etre et avoir

La taupe (pour Octave)

Un jour,
une taupe sortit de son trou
et dit à l’enfant qui jouait :
pourquoi ton père écrase-t’il
tous mes tunnels sortis de terre ?

Je ne sais pas, lui répondit l’enfant.

Dis-lui, lui demanda la taupe,
que c’est un peu grâce à moi
si les parasites ne mangent pas
ses pieds de tomates,
ses haricots,
et ses radis, pardi !

Je n’y manquerai pas,
monsieur la taupe,
mais peux-tu faire quelque chose pour moi,
réclama l’enfant à la taupe ?

Tout ce que je peux faire,
je le ferai volontiers pour toi
qui prend bien garde d’éviter
mes tas de terre, répondit la taupe.

Peux-tu m’excuser auprès de l’érable
pour lui avoir taillé ses grosses branches ?
Je l’ai vu pleurer sa sève, dit l’enfant.

Et la taupe repartit sous terre
faire des guilis aux racines de l’érable.

Ma grand-mère minka

Ma grand-mère citronnade,
D’été de boisson fraîche,
Et de citrons du jardin,
Sous un soleil, brûlot.

Ma grand-mère plage,
D’été de brise fraîche,
Au petit matin,
Dans sa voiture, R5 Renault.

Ma grand-mère rage,
Quand les tomates fraîches
Arrachés les pieds du potager,
Pour rendre service, c’est ballot.

Ma grand-mère bavarde,
Quand les voisins à la fraîche,
Racontent leurs histoires varoises,
Pour vivre heureux, bougre d’idiot.

Covid-19

On me parle beaucoup de toi, en ce moment.
Pourtant toi, tu ne me parles pas beaucoup.

J’ai appris ton existence à la télévision,
cependant toi, tu ne seras jamais une star.

On m’a dit que tu avais fait beaucoup de morts.
Pourtant les hommes en ont fait encore plus que toi.

On nous a demandé de rester confiné chez soi,
pourtant toi, tu t’en fous de prendre le pouvoir.

Moi je préférerais faire la paix avec toi,
mais je ne te vois pas arrêter de nous embêter.

Une bête, comme un âne

J’ai toujours eu envie d’être un âne,
mais on m’a dit qu’il fallait être un cheval,
et pas n’importe lequel de ces chevaux !

Pourtant je suis sûr que c’est cool d’être un âne,
sauf quand on se fait moquer par un cheval,
et repousser par tous les autres ânes de chevaux.

C’est vrai que je suis têtu comme un âne :
je me mets en travers de ceux qui sont fiers comme un cheval,
et avec les femmes, ça m’a apporté
pas mal de rivaux.

Au final, j’ai abandonné l’idée d’être un âne :
bah oui, avec tous ces fers à cheval,
j’ai fini par m’en prendre un bien costauds.

La morale de mon poème, c’est qu’il est bien
difficile d’être soi-même, dans un monde
qui écrase et anéantit tout ce qu’il y a de beau.